Touchons les oeuvres, on les verra…

Devant une oeuvre de Picasso

Guidés par les élèves de 4°7 Segpa et Marie, médiatrice au musée Picasso, les mal-voyants de l’association Valentin Haüy ont découvert une sélection de quelques œuvres du musée. Mais comment fait-on pour voir dans un musée où on ne peut rien toucher quand on n’y voit rien ou pas grand chose ?

La visite a commencé dans les escaliers du musée où se situe une reproduction des « Esclaves » de Michel-Ange . Il s’agit de statues. Les originales devaient décorer le tombeau du Pape Jules II. Même s’il s’agit de reproductions, interdiction de les toucher. Sauf avec des gants en latex…  Elèves et non-voyants ont ainsi pu parcourir les corps expressifs des deux esclaves.

Expérience tactile autour des statues.

Ubu la chouette de Picasso

Nous arrivons alors au deuxième étage du musée où nous attend Ubu, la chouette de Picasso.

Nature morte à la chouette et aux trois oursins (1946)
Pablo Picasso
Musée Picasso

Symbole d’Athéna et de sagesse dans l’Antiquité, la chouette est devenu au moyen-âge un oiseau de mauvais augure.  Picasso ressent une véritable fascination pour les oiseaux de la nuit, les chouettes et les hiboux lui ont ainsi inspiré de nombreuses œuvres. C’est en 1946 que l’oiseau nocturne devient un modèle important dans ses œuvres. Cette année-là, le photographe Michel Sima rend visite à Picasso au château Grimaldi à Antibes et lui confie une petite chouette blessée qu’il vient de trouver. Immédiatement l’artiste tombe sous le charme de l’animal, baptisé Ubu, qui tient compagnie à l’artiste dans son atelier.

Pour montrer ce tableau, les médiateurs du musée Picasso ont fabriqué des petites sculptures et une reproduction avec une technique qui permet de toucher les différentes parties du tableau.

Les chouettes à toucher.

Couleurs à toucher…

De nombreux artistes utilisent la couleur, de façon abstraite ou figurative. Une démarche compliquée à gérer quand on n’y voit pas grand chose… Là encore, des reproductions petit format ont été distribuées avec différentes techniques pour permettre aux visiteurs de se représenter les oeuvres. Il peut s’agir de collages comme pour Leppien, ancien déporté d’Auswitch qui s’intéresse au symbolisme des couleurs ou pour certaines oeuvres de Picasso.

Des collages pour
Boréal pourpre-bleu rouge
de Leppien

Parfois, les médiateurs utilisent des matériaux spéciaux pour rendre compte de la technique des artistes. Chaque fois, les élèves médiateurs devaient guider les doigts des aveugles en leur décrivant ce qu’ils touchaient. 

Figure féminine de Picasso,
outil de médiation : stylo à encre gonflante.

Paillettes pour l’oeuvre de Malaval

 

L’objectif de la journée est accompli, les élèves de 4°7 ont su guider les mal-voyants de l’association dans le musée et leur décrire les œuvres sélectionnées. Et en plus, “Ça m’a fait plaisir de lui faire plaisir” a expliqué un élève pour parler de sa relation au mal-voyant qu’il a guidé.

La prochaine fois qu’ils se verront, ils devront présenter de nouvelles oeuvres, sans l’aide de Marie et avec les outils qu’ils auront eux-mêmes fabriqués.

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